Pôle : emploi


Polar Opposites

Il arrive parfois que les éléments d'un film paraissent confus, provoquant ainsi le désengagement du spectateur, ne comprenant ni ne réalisant vraiment ce dont parle l'histoire. L'absence de choix clair créé un flou qui n'a sa place devant une caméra que s'il est volontaire. Pour les autres cas, il est important de se positionner, ce qui par définition revient à se positionner vis-à-vis d'autre chose. Certains auteurs oublient de traiter cet opposé, qui pourtant est un merveilleux révélateur pour l'objet initial.

There are times when the elements of a film seem muddled, causing the viewer to disengage, not understanding or really realising what the story is about. The absence of a clear scenario requiring the viewer to make a choice creates a blur that has no place on camera, unless it's on purpose. In clearer storylines, it's important to position yourself, which by definition amounts to positioning yourself vis-à-vis something else. Some writers forget to deal with this opposition, which is however often a great way of revealing the main subject.

Et si le meilleur moyen de parler de quelque chose, c'était de parler de son contraire ?

What if the best way to explore something is by exploring its opposite?

Vogler a ainsi développé le principe de polarité : dès qu'une intention ou un personnage sont écrits, il peut être plus qu'intéressant de générer son pôle opposé dans le script. Dans le cas où l'histoire porterait sur la pauvreté matérielle, la richesse matérielle aurait donc toute sa place dans le scénario. De fait, mon personnage apparaîtra bien moins pauvre s'il est entouré de gens de même statut, alors que sa pauvreté crèvera l'écran s'il est entouré de personnes bien plus aisées que lui. De la même manière, un protagoniste qui veut vivre se prépare forcément à la mort, tout comme il peut être intéressant que quelqu'un qui se batte pour le pardon soit chatouillé par des envies de vengeances. La distribution du long-métrage Intouchables s'appuie sur une double polarité : un riche paraplégique est confronté à un homme pauvre mais physiquement en pleine forme.

Vogler thus developed the principle of polarity: as soon as an intention or character is written, it becomes far more interesting in generating its complete opposite in the script. If the story is about material poverty, material wealth would therefore have a place in the scenario. The fact is, if my character is surrounded by people of the same status, they will appear much less poor, whereas their poverty will burst through the screen if they're surrounded by people much better off than them. Likewise, a character who wants to live inevitably has to prepare for death, just as it becomes interesting when someone who is fighting for forgiveness gets the urge for revenge. The feature film The Intouchables is based on a double polarity: a rich paraplegic man is confronted with a physically fit poor man.

Créer un récit possédant ces polarités permet alors d'offrir plus de potentiel de conflits, de contrastes, de défis, d'enseignements. L'idée fonctionne d'autant plus dans le court-métrage qu'elle permet d'installer rapidement le sujet en l'opposant directement à son contraire de manière significative.

Creating a story with these polarities makes it all the more possible to offer potential for conflicts, contrasts, challenges and lessons. This idea works all the more in short films as the opposition is introduced quickly and in an intense and significant way.

Cette polarité présente plusieurs avantages narratifs. Déjà, par l'attraction des contraires, largement usitée dans les productions cinéma. Le film Titanic met en avant deux opposés : Rose est riche, Jack pauvre. Mais Rose est enfermée, a son avenir tracé, dans un monde sérieux, alors que Jack est libre, ne sait pas ce que demain lui réserve, et prend ses propres et folles décisions. Il possède tout ce dont manque Rose pour qu'elle soit heureuse, et c'est pourquoi il lui fait autant d'effet.


This polarity has several narrative advantages. Opposites attracting is widely used and well known in cinema productions. The film Titanic presents us with two opposites: Rose is rich, Jack poor. But Rose is trapped, with her future mapped out, in a serious world, while Jack is free, doesn't know what tomorrow holds, and makes his own crazy decisions. He has everything that Rose lacks to make her happy, and that's why he has such an effect on her.

De plus, le conflit polarisé attire le public, il développe la tension, fascine. Un suspense est créé : quelle vision va triompher ? Qui a raison ? Quant au revers de fortune, qui consiste en un basculement des conditions établies au début du scénario, du négatif au positif ou inversement, il appuie d'autant plus le message d'un film. A la fin de Titanic, Rose peut retrouver sa richesse et son rang, mais choisit de ne pas retourner à cette vie là. Elle réalise ce qui est important pour elle, valide alors son passage d'un pôle à l'autre. Ainsi, développer la polarité d'un film, c'est permettre d'accentuer la tension, et augmenter les possibilités de mouvements dans la fiction.

What's more, this polarised conflict attracts the public, it develops tension, fascinates the audience. Suspense is created: which vision will triumph? Who is right? As for 'the setback', which consists of a shift in the conditions established at the start of the script, for example from negative to positive, or vice versa, this supports the message of a film all the more. At the end of Titanic, Rose can regain her wealth and rank but chooses not to return to that life. She realises what is important to her and then maintains her passage from one pole to the other. So we can see that developing opposites within a film allows the accentuation of tension and increases the possibility of movement in the story.

Comme enlever des vêtement fait monter la température et si mettre un pull pouvait créer des frissons ?

Just as taking clothes off creates a certain heat, what if putting on a polar fleece was the best way to create a cinematic shiver?

Rédigé par G. Bègue
Traduit par E. Cullender